S'emparer d'un récit pour fabriquer des images se révèle une approche nécessaire dans le travail d'Anne-Lise Broyer. Après une longue expérience du côté de Georges Bataille, la plasticienne se saisit de La Maladie du Sens (2001, Éditions P.
O.
L.) de Bernard Noël.
Proche de la plasticienne, mais également de URDLA, qui l'édita à plusieurs occasions, Bernard Noël propose un texte étonnant : portrait détourné de Stéphane Mallarmé (1842-1898) du point de vue de son épouse. Un texte qui parvient selon l’artiste : " à restituer l'un et l'autre, depuis l'intérieur des sentiments et de la langue, dans un jeu très grave où s'échangent la chair des mots, leur sonorité et leur sens. "
Car c'est bien Mallarmé qui fait matrice de cette expérience comme d’une traversée de sa vie et de son œuvre par l’image. De Bernard Noël, elle puise davantage une méthode, un dispositif : " parler à l'intérieur de langue ". Il s’agit de tenter de rendre visible la bascule de la pensée vers l’écriture.
Ce travail, loin d'être un simple reportage photographique, se conjugue à celui de l'image imprimée. En découle une production d'images complexes, qui mêlent lithographie (impression de dessins au préalable réalisés sur une pierre calcaire), imprimée sur tirages argentiques et papiers photographiques. Des images qui se veulent pour Anne-Lise Broyer : " Dans une esthétique très minimaliste proche des films de Dreyer, dans un dénuement du motif comme les peintures d'Hammershøi empêchant toute bavure de l'expressivité et de la narrativité, mes images tenteront de rendre compte de son obsession d'un ajustement de la langue dans cette hésitation prolongée entre le son et le sens. Le point de vue sera tournant, tantôt celui du poète, tantôt celui de cette femme qui observe la pensée au travail sans la comprendre. "
La fabrication de telles images conduit la plasticienne à " rejouer la matière photographique ". Au-delà du simulacre et du défi technique de joindre ces pratiques attenantes tant dans leur histoire que leur utilisation. Pour Anne-Lise Broyer, ce frottement des matières vient à traduire la porosité entre les techniques, entre les disciplines qu’elles soient plastiques ou littéraires.
Ce dialogue dans la matière de l’image chemine à la fabrication d’une " écriture par l’image ", ainsi tente-t-elle de fabriquer une image comme on écrit un poème. Anne-Lise Broyer s’appuie sur des analogies venues aussi bien de Noël que de Mallarmé qui affirmait que le vers est le " concours de tous les arts suscitant le miracle ". Ce vers spontané, sera creusé au moyen de la pointe, du dessin et de l’appareil. Chaque sillon, chaque creusement a vocation à révéler le " dessous " du visible en révélant l’espace émanant de chaque image.
À URDLA, Anne-Lise Broyer cherche donc à s’emparer d'une impossibilité : celle de tordre la langue de l’estampe pour faire " expérience de la littérature par le regard ". Un travail d’écriture par la matière qui a été récompensé par la bourse Stampa de 2023, un dispositif de l'ADAGP visant à soutenir la création d'œuvres utilisant les techniques de gravure et d’impression. Des œuvres qui nourriront une exposition en résonance avec la 17e Biennale d'Art Contemporain de Lyon
Public concerné : Tout public
En 1978, à l’initiative de Max Schoendorff, quelques artistes s’associèrent pour sauver d’une destruction imminente une imprimerie lithographique lyonnaise désuète et en faillite. Ce patrimoine sauvegardé (presses, pierres lithographiques centenaires), il fallut en définir l’usage. C’est au service de la création du moment que l’activité lithographique a repris vie. Aujourd’hui, une ancienne usine de 1000 m2 abrite Urdla− Centre international estampe & livre. Il s’agit d’un centre d’art contemporain regroupant des ateliers d’impression (lithographie, taille-douce, taille d’épargne, typographie), une galerie et une librairie. L’association relie ainsi la sauvegarde d’un patrimoine, le soutien à la création contemporaine, et la diffusion de ses productions auprès des amateurs, collectionneurs et scolaires. Urdla sélectionne et invite une douzaine de plasticiens par an et leur offre la possibilité de pratiquer l’estampe originale lors de résidences. L’estampe − terme générique recouvrant tous les résultats d’un procédé d’impression — se caractérise par le tirage d’un nombre limité d’exemplaires numérotés et signés par l’artiste, destinés à la vente. "Originale", signifie que les artistes travaillent eux-mêmes à la fabrication des matrices, les techniciens effectuant ensuite les tirages
Métro ligne A, arrêt Flachet ; Bus 69, arrêt Flachet.
samedi 21 septembre 2024 - 14:00 - 18:00 , dimanche 22 septembre 2024 - 14:00 - 18:00
Accessibilité : Handicap moteur
Gratuit , Sans réservation
Informations détaillées extraites du Guide Tourisme France :
- consultez aussi la fiche du département du Rhône
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